L’informatique et l’aérien.
Madona Adaikkalathas, 32 ans, est chef de projet SYSAT chez CS Group.
Bac S, prépa… Madona Adaikkalathas cherche désormais sa future école d’ingénieurs. Nous sommes en 2010. Elle choisit l’École Nationale de l’Aviation Civile (ENAC), non pas parce qu’elle est poussée par une passion pour tout ce qui vole, mais parce que l’aéronautique est un secteur qui propose un large choix de métiers qui peuvent, par exemple, allier opérationnel et informatique, spécialité qu’elle va du reste choisir dans la poursuite de ses études avec les systèmes informatiques pour le transport aérien. Madona effectue son premier stage dans une compagnie d’aviation d’affaires pour créer des outillages de réservation clientèle. Celui de dernière année se déroule au sein d’un autre bureau d’études où elle participe à la création d’un logiciel pour évaluer le rendement de l’installation de panneaux photovoltaïques sur les aéroports. « Durant ma formation à l’ENAC, j’ai appris les langages informatiques. La différence par rapport à un cursus classique est l’environnement : ici, je connais en plus les codes du transport aérien, ses procédures, ses métiers… »
Une fois diplômée en 2013, Madona cherche autre chose qu’un poste en bureau d’études, car elle souhaite voir aboutir les sujets sur lesquels elle travaille. C’est sur un forum qu’elle découvre CS Group, une entreprise positionnée sur le marché des services numériques. Madona est embauchée en 2014 comme ingénieure études développement sur un projet de remplacement des systèmes de communication des tours de contrôle françaises. Elle-même est chargée de développer un logiciel fonctionnant sur une dalle tactile, sorte de petite tablette, afin de passer les communications (radio et téléphonie) : elle s’occupe de l’interface homme/machine. Au début, Madona ne manie pas que du code et, au bout de deux ans, elle manage une quinzaine de personnes en tant que responsable de lot (le métier correspond à celui d’un responsable de projet sans la gestion des coûts monétaires). Le contrat incluant le maintien en conditions opérationnelles des systèmes, ils en livreront plusieurs versions en fonction des besoins évolutifs des clients.
De responsable de lot à chef de projet
En 2018, Madona devient adjointe de sa responsable des développements : elle pilote d’autres responsables de lot. La partie technique ne constitue plus que 10 % de ses tâches, généralement quand se produit une difficulté, le reste étant du management pur : accompagner les responsables de lot, vérifier que les exigences du client soient respectées, mettre en place des processus d’amélioration, notamment dans les méthodes de travail, fournir les ressources nécessaires, etc. En 2020, on lui propose un poste de chef de projet. Elle accepte, d’autant qu’elle change d’environnement. Il n’est plus question de systèmes de communication, mais des programmes SYSAT pour la modernisation des systèmes de gestion du trafic aérien. CS doit fournir un simulateur ATC (Air Traffic Control) pour l’entraînement des contrôleurs aériens de Paris-CDG, Le Bourget et Orly. Le projet est déjà en cours quand Madona entre en fonction. Elle quitte définitivement la production pour le management, mais renoue avec l’opérationnel.
La principale nouveauté est qu’elle est ici en contact direct avec le client, elle fait aussi le lien avec d’autres métiers comme les installateurs, les experts hardware, les logisticiens, etc. À l’exemple d’un chef d’orchestre, elle synchronise ces différents intervenants. « Il faut réfléchir à toutes les tâches à réaliser, les séquencer, faire des estimations des ressources, les trouver et faire avancer tout le monde en même temps. » Planification et communication sont les maîtres-mots.
Madona ne regrette pas d’avoir choisi l’informatique et l’aérien comme spécialisations : « Nous ne faisons pas toujours la même chose en matière de développement, car interviennent de nouveaux langages, composants… Pour progresser, il ne faut pas rester cloisonné à ce que l’on fait tous les jours, mais voir aussi ce que fait le reste de l’équipe de façon à comprendre leur travail et envisager le projet dans sa globalité. »
Ce portrait est extrait du magazine Aviation et Pilote, premier mensuel indépendant français d’information sur l’aviation générale, qui traite également de l’aviation commerciale et de l’aviation d’affaires à travers ses rubriques : 12 numéros par an + 1 hors-série dédié aux formations et métiers de l’aérien. Aviation et Pilote est aussi organisateur du Salon des formations et métiers aéronautiques.