De nombreux profils demandés.
En deux ans de crise sanitaire, le transport aérien a beaucoup souffert. Tout le monde a encore en tête les avions cloués au sol, les aéroports vides. Malgré cela, à coups d’activité partielle et de transport de masques et de gel, il a pu maintenir une faible activité. Et puis, les passagers sont revenus discrètement. Toutefois, pour cet été, les prévisions n’ont jamais été aussi bonnes depuis l’arrivée de la COVID dans nos vies. Les passagers sont de retour, et plus vite que le secteur ne l’avait anticipé. Mais face à cette promesse, se pose aujourd’hui un véritable problème de recrutement.
4000 postes à Roissy et Orly
Durant la crise, entre les plans de départ volontaires, les licenciements et le non-renouvellement des CDD, le secteur s’est sérieusement allégé en personnel. Avec le retournement de tendance et l’appétence retrouvée des clients pour les vols, ADP annonce qu’il existe 4000 postes à pourvoir entre ses deux aéroports, Paris-Charles-de-Gaulle et Orly. Cela concerne un large spectre d’emplois, allant de l’agent de comptoir à des postes d’ingénieur. Il a quelques mois, toutefois, ADP s’était séparé de 1150 salariés dans le cadre d’un accord de rupture conventionnelle collective. L’entreprise a précisé qu’elle envisageait une embauche de 600 personnes pour faire face aux besoins de cet été.
De même, nous l’avions évoqué en début d’année, la reprise (spectaculaire) de l’industrie aéronautique et la crainte de ses acteurs de ne pas trouver du personnel pour les chaînes de montage. Un coup d’œil sur les carnets de commandes des constructeurs donne une idée des besoins. En décembre, Air France avait passé commande de 100 appareils, des Airbus, destinés à la maison-mère, mais également à Transavia qui passera sur le constructeur européen qui prévoit de livrer 720 avions en 2022.
15000 emplois dans l’industrie
Face à la désaffection d’une partie des salariés liée, entre autres, au coup frein de l’aérien et à leur migration vers d’autres secteurs, l’aéronautique connaît donc quelques difficultés en matière d’embauche. En avril, le secteur avait identifié un besoin de 15 000 recrutements en 2022 pour la filière aéronautique et spatiale : grands groupes, PMI/PME et ETI, et ce sur tout le territoire. Il faut ajouter à cela 6 000 postes en alternance, plus ceux en intérim.
Les enjeux sont importants : il faut produire les avions que les compagnies recommencent à commander et concevoir ceux de demain, l’aéronef qui répondra aux exigences de la transition énergétique et aux désirs de voyage des passagers. Il faudra donc du monde dans les secteurs civils, militaires et spatiaux. L’aventure technologique est l’horizon.
En attendant, il faut compenser la pyramide des âges et son effet sur les départs à la retraite. L’intérêt est que le secteur accueille tout le monde, à tous les niveaux, du CAP à l’ingénieur… À cette fin, le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS) a lancé l’opération « L’aéro recrute » qui consiste à faire connaître l’ensemble de ces métiers et, surtout, les opportunités professionnelles qui sont portées par les entreprises du secteur. Un effort de communication est également déployé vers les jeunes femmes, alors que le taux de féminisation n’est que de 24 % dans l’aéronautique.
L’aviation générale recrute également
En marge de l’aviation commerciale qui accueille une grande partie des personnels, l’aviation « du dessous » : l’aviation de loisirs, d’affaires et de travail aérien, est également en demande et notamment de mécaniciens. C’est un métier en carence et il y a des offres d’emploi à pourvoir. Le Groupement des industriels et professionnels de l’aviation générale (GIPAG) réunit des entreprises qui recherchent ce type de profil, voire des responsables qualité.
Séduire les candidats
Toutefois, même dans les organismes de formation, il y a des filières qui sont en manque de candidats, dont les mécanos. Magali Jobert, la directrice du CFA des Métiers de l’aérien, s’efforce de trouver des solutions pour les faire revenir vers ses formations : « Après deux années de COVID, un bashing de l’aérien, un retour difficile des salariés vers ce secteur, il y a un vrai déficit d’attraction, le grand public connaît peu les métiers de l’aérien, les parents sont inquiets, nous n’avons même plus de candidats sur un certain nombre de postes. Nous sommes en carence de maîtres d’apprentissage, nous avons perdu 55 % de nos apprentis, la crise sanitaire a stoppé les contrats en alternance. C’est inquiétant, mais pas irréversible. Il faut prendre la parole, communiquer, aller dans les quartiers, c’est un combat quotidien. »
Les professionnels ont bien conscience que développer l’attractivité des métiers passe également par une meilleure prise en compte des aspirations des jeunes générations. La flamboyance de l’aérien et toute la passion que l’on peut y trouver ne suffisent pas. Il est important de prendre en compte des facteurs qui impactent la vie personnelle des jeunes et leurs attentes. Parfois, leur parler de passion ne suffit pas. « Il faut compenser les contraintes liées aux métiers : travail le week-end, horaires décalés, plannings tardifs qui ne donnent pas une visibilité compatible avec la vie personnelle, il faut permettre une accessibilité aux zones aéroportuaires, surtout si vous travaillez à 3 heures du matin. Le permis de conduire est un passage incontournable de cette nouvelle donne. Il faut aussi aménager le temps d’accès au poste, raccourcir les délais, sinon le candidat va ailleurs. Il existe une volatilité des jeunes dont il faut tenir compte », s’exprimait Didier Montaigu, directeur général du groupe 3S – Alyzia lors du récent congrès de la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (FNAM).
Donc, aujourd’hui plus que jamais, on va embaucher côté maintenance et construction. Chez les pilotes aussi, les besoins sont de nouveau là. Par exemple, Air France a annoncé fin juin, chez nos confrères d’Aerobuzz, qu’elle projetait de recruter 350 pilotes par an dans les deux ans à venir.
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