Michèle, entoileuse lardeuse.
Michèle Goussay, 61 ans, est entoileuse lardeuse freelance, représentante de la marque Diatex pour la partie textile aviation légère.
Michèle Goussay découvre l’aviation grâce à son beau-père pilote privé. Sa situation familiale change, elle ne passera finalement pas son brevet, mais la passion pour la troisième dimension a bien été transmise. À 22 ans, la Bretonne « monte » à la capitale. Détentrice d’un BEP sténo dactylo, elle s’inscrit dans une agence d’intérim. Michèle effectue différentes missions en dactylographie avant d’être directement embauchée par une première agence de marketing, puis une seconde. Au cours des années, Michèle va évoluer, passant du commercial à la comptabilité, puis aux ressources humaines. Elle s’est renseignée pour passer son brevet, mais les trajets pour se rendre à l’aéroclub le plus proche sont trop contraignants.
En 2000, elle déménage dans le Loir-et-Cher et monte sa structure dans le marketing ; la crise de 2008 l’obligera à cesser son activité. En parallèle, Michèle préside une association pour aider les jeunes chefs d’entreprise non originaires de la région à s’installer. C’est en cherchant un lieu emblématique pour organiser un forum qu’elle découvre l’aérodrome de Blois-Le Breuil qui devient sa seconde « maison ». Elle réunit les fonds nécessaires pour se former fin 2008 et obtient enfin sa licence en 2010, à 49 ans. Michèle comprend que sa place est dans l’aéronautique et montera même une activité de formation au PPL qu’elle devra cependant arrêter en 2018. Au sud de l’aérodrome, elle fait la rencontre en 2009 des constructeurs amateurs d’Aeropassion Blois Vendôme. L’association acquiert un Jodel D112 à train classique. On lui propose de s’entraîner au roulage, mais l’aventure finit dans la porte du hangar avec pour résultat un trou dans l’une des ailes. Cet incident marque le début d’une nouvelle passion, car Michèle va aider dans la réparation, sous l’œil attentif des « anciens ».
Changement de trajectoire
« L’entoilage consiste à recouvrir tout ou partie de la structure de l’avion d’une toile polyester au moyen d’une colle spéciale. Cette toile est thermorétractable : elle est tendue au moyen d’un fer à entoiler chauffé à 180 °C, c’est certainement la partie la plus spectaculaire de l’opération. Selon les spécifications du constructeur, elle peut aussi être lardée, c’est-à-dire cousue, selon un process bien défini. Tout l’entoilage est ensuite badigeonné d’un enduit qui achève la mise en tension et bouche les pores de la trame, puis d’un dernier produit qui va servir d’apprêt pour la peinture et protéger la toile des UV, son premier ennemi. »
Michèle fait sa première pose de toile, puis elle va continuer à intervenir durant plusieurs années sur divers projets, la plupart du temps bénévolement, jusqu’à se lancer en 2019 en tant que freelance comme entoileuse lardeuse. La pandémie ne facilite pas son début d’activité, cependant la patrouille YakoTeam s’installe à Blois et on lui demande de restaurer certains des Yakovlev. « Il y a tout un travail de recherche en amont, car s’il y a des procédés communs à chaque avion, les constructeurs, voire les pays, ont leurs méthodes qu’il faut trouver. Il m’arrive de décomposer un précédent entoilage pour déterminer comment il a été fait. »
Michèle est bénévole, mais son travail est diffusé, ce qui lui ouvre des portes. Aujourd’hui, elle est représentante de la marque Diatex et organise des stages pour aider les constructeurs amateurs à entoiler leurs avions ou ULM. Elle restaure également des appareils âgés ou réalise des réparations, à la suite d’une averse de grêle par exemple. Il n’existe pas de formation officielle, le métier s’apprend sur le tas, ce que regrette Michèle alors qu’il y a des besoins en aviation générale et de collection. Pour s’instruire, le meilleur moyen est donc de pousser les portes d’une association de constructeurs amateurs ou encore de participer à des stages. En industrie, le plus rapprochant serait de travailler sur les matériaux composites où les parcours sont balisés. Michèle a quant à elle fait sa conversion – officielle – à 58 ans et elle ne vit désormais plus que pour l’aviation
Ce portrait est extrait du magazine Aviation et Pilote, premier mensuel indépendant français d’information sur l’aviation générale, qui traite également de l’aviation commerciale et de l’aviation d’affaires à travers ses rubriques : 12 numéros par an + 1 hors-série dédié aux formations et métiers de l’aérien. Aviation et Pilote est aussi organisateur du Salon des formations et métiers aéronautiques.