Spécialiste des APU, les moteurs auxiliaires
Justine, 30 ans, est technicienne support technique clients sur APU (Auxiliary Power Unit) chez Revima, groupe indépendant spécialisé dans la maintenance des trains d’atterrissage et des moteurs auxiliaires MRO (Maintenance, Repair and Overhaul) dont le siège social est situé en Normandie.
Justine grandit près de l’aéroport du Bourget. Les avions font partie de son quotidien, mais c’est l’arrivée de l’A380 qui déclenche la fameuse question : comment vole un avion ? Ses parents l’emmènent au Salon international de l’aéronautique et de l’espace et c’est une révélation. Alors collégienne, elle veut devenir pilote dans l’armée de l’Air. Arrivée au lycée, ses professeurs la décourage : son niveau en maths est soi-disant trop faible pour envisager le métier de pilote. On la réoriente vers un bac STI Génie mécanique.
Justine découvre qu’elle aime la technique. Elle n’a pas abandonné l’idée de travailler dans l’aérien, elle change juste de voie en faveur de la maintenance. « Il y a toujours une porte de sortie et une autre prête à s’ouvrir. » Son bac en poche, elle s’inscrit en BTS Aéronautique à l’IAAG en 2011. « Je voulais me donner plus d’options et ne pas perdre de temps en refaisant un bac pro Aéro. Dans mon cas, la suite logique était le BTS. » Elle effectue quand même son stage de première année comme mécanicienne. « L’école nous le conseillait pour éviter les mauvaises orientations. » Son second stage lui fait découvrir la navigabilité (l’aptitude d’un aéronef à voler en sécurité vis-à-vis de ses occupants, des autres aéronefs et des personnes survolées).
Diplômée en 2013, Justine poursuit ses études vers un bac +3 reconnu à l’international : « On ne sait jamais quelles seront nos opportunités futures… », et s’inscrit en licence professionnelle (LP) Métiers de l’industrie : Industrie aéronautique, parcours Moteurs aéronautiques et spatiaux, à l’IUT Ville d’Avray. « Cette licence m’a permis de me spécialiser sur une partie de l’avion : les moteurs, la matière qui m’a le plus passionnée lors de mon BTS. » Elle est en apprentissage chez SECA (aujourd’hui StandardAero) où Justine procède à du monitoring sur des turbopropulseurs : PT-6 et PW100. « J’analysais les paramètres moteur dans le cadre de la maintenance préventive et prédictive afin d’entretenir ou de prédire et d’empêcher les pannes. »
Justine cherche un poste en bureau technique : « Ce qui m’intéresse, c’est suivre l’évolution de la vie de l’aéronef et de ses équipements, connaître les nouvelles technologies installées… » Elle le trouve chez Air France Industries (AFI) avant même d’être diplômée, en tant que spécialiste moteur. Là aussi, elle effectue du monitoring, mais sur GE-90 (B777) durant 3 ans, puis sur CFM-56 (A320) pendant 4 ans. « Je suis passée du turbopropulseur au réacteur. La taille change, les comportements aussi, il y a davantage d’équipements, les paramètres sont plus précis et nombreux : températures, pressions, flux, vitesses de rotation, débits d’air, quantité d’huile utilisée, de carburant, etc. Même entre deux réacteurs, chacun a ses spécificités. Ils ne sont pas fabriqués de la même manière et la philosophie du constructeur est bien souvent différente, avec des manuels rédigés autrement. Il y a toujours matière à apprendre ! »
En fonction des paramètres qu’elle lit, Justine détecte des pannes et transmet des tâches aux mécaniciens en s’appuyant sur la documentation constructeur. « Une dégradation des paramètres n’indique pas la marche à suivre : il faut procéder à une analyse, l’expérience joue également. »
Du monitoring au support technique
Avec la COVID vient le désir de changement et notamment de métier. Elle trouve un poste chez Revima en 2021, entreprise MRO spécialisée dans les trains d’atterrissage et les APU : un moteur auxiliaire, généralement situé à l’arrière des avions, qui alimente les systèmes électriques, fournit de l’air, permet de démarrer les moteurs principaux au sol… Elle est embauchée en tant que technicienne support technique clients sur APU. Toujours en bureau technique, son travail est différent.
« Les compagnies envoient leurs APU en atelier pour réparation. Je réalise une inspection visuelle et endoscopique, j’analyse la documentation moteur, je regarde quel est le motif de dépose. Cela peut-être une pièce qui arrive en limite de vie, une fuite, une panne… J’édite un workscope qui contient mon analyse et mes recommandations. Il est transmis au client qui donne son feu vert – ou non (mais c’est rare). Le moteur est alors démonté par les mécaniciens. Je vais contrôler les pièces une par une dans leur état d’origine, car la saleté permet également de comprendre ce qu’il s’est passé. Je peux, par exemple, découvrir le résultat d’un FOD [Foreign Object Damage] : impacts ou autre défauts causés par de la grêle, cailloux, animal, etc. Cette étape me permet aussi de confirmer mon premier diagnostic. Lorsque c’est nécessaire un rendez-vous est pris avec l’assureur, avant de nettoyer le moteur et ses pièces qui seront par la suite inspectés une à une. J’effectue un ultime contrôle pour éliminer la moindre suspicion de défaut, puis je contrôle le devis établi. Je suis tout le process de réparation du moteur jusqu’à sa sortie de l’atelier après passage au banc d’essais. »
Justine est en contact constant avec le client, le constructeur et les mécaniciens. Pour répondre à leurs questions, elle doit comprendre parfaitement le fonctionnement d’un moteur, savoir suivre la documentation et « l’expérience fait le reste ». « Je compare souvent mon métier à celui du médecin : j’effectue un diagnostic et je prends une décision. Je passe ensuite le relais au mécanicien – chirurgien – qui répare. »
Ce portrait est extrait du magazine Aviation et Pilote, premier mensuel indépendant français d’information sur l’aviation générale, qui traite également de l’aviation commerciale et de l’aviation d’affaires à travers ses rubriques: 12 numéros par an + 1 hors-série dédié aux formations et métiers de l’aérien. Aviation et Pilote est aussi organisateur du Salon des formations et métiers aéronautiques.
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