Intégrer une compagnie aérienne
Louison, 27 ans, est actuellement steward (personnel navigant commercial, PNC) chez Norse Atlantic Airways, après avoir débuté sa carrière chez Volotea et travaillé pour easyJet.
Le parcours scolaire de Louison a été un peu compliqué, du fait de mauvais conseils quant à son orientation, d’un mauvais timing et, on pourrait ajouter, parce que les études n’étaient pas son truc… Ce qui fait qu’au moment des rattrapages du bac, en 2016, lorsqu’on lui propose de redoubler « parce qu’il a du potentiel », il refuse. Louison a un plan B à l’esprit. Un proche de la famille est en train de se former pour obtenir le CCA (Cabin Crew Attestation) et devenir PNC. Ce métier, Louison l’a découvert en prenant l’avion pour les États-Unis lors d’un séjour scolaire destiné à perfectionner son anglais. Il s’est déjà renseigné.
Louison obtient son certificat d’aptitude médical (valable deux ans) et, en août, il commence la formation chez Aeroschool, qui se fera en français. Il a juste eu un test d’anglais à l’entrée. « À l’époque, les choses étaient différentes, le CCA était indispensable pour postuler dans la majorité des compagnies européennes. Aujourd’hui, elles mettent l’accent sur l’anglais, car beaucoup forment en interne ou font appel à l’alternance et aux écoles. »
La partie théorique de la formation contient beaucoup d’informations, c’est un nouvel environnement, mais Louison est ultra-motivé pour réussir l’examen qu’il passe avec succès en août. Pour l’examen pratique, il doit attendre qu’une session soit disponible, en janvier 2017. Son CCA en poche, il cible les compagnies qui recrutent, ayant déjà effectué un travail de recherche en amont. Volotea le convoque pour un « assessment day », organisé à Strasbourg.
Sélection et formation par Volotea
Cette journée d’évaluation commence par une présentation de la compagnie qui est suivie d’un test d’anglais d’une heure. Les candidats qui réussissent passent à l’étape suivante : l’exercice de groupe, puis l’entretien individuel, tout en anglais bien sûr. Louison arrive au bout du processus de sélection. Quelque temps après, il est convoqué pour entamer sa formation à Madrid, en mai. Durant un peu plus de deux semaines, il va apprendre les process de la compagnie, associés notamment aux avions qu’elle exploite : le Boeing 717, puis l’A319. « Il était prévu de me baser à Nantes où ne sont exploités que des Airbus. Du coup, j’ai été formé sur les deux avions dans la foulée. Au départ, il pouvait m’arriver de faire des confusions tellement c’était intensif. » Chaque étape est sanctionnée par un examen.
Louison effectue un premier vol d’observation et, le 19 mai, c’est au tour du fameux vol de familiarisation. Intégré à l’équipage, il ne fait encore qu’observer, mais, ici, il sera soumis à un examen en vol qui lui permettra d’être enfin « lâché ». Il signe un premier CDD de six mois, qui sera renouvelé. « C’est mon premier vrai job. Je ne connais alors presque rien de la vie. Je m’adapte et j’apprends sur le tas, mais je suis fier et heureux d’y être arrivé. »
Louison vole pendant un an en Europe, ce qui lui permet de passer chef de cabine. Nouvelle formation d’une semaine, nouvel examen et il évolue officiellement en mars 2019. Il est alors en CDI. Responsable de tout ce qu’il se passe à bord de l’avion, il encadre les PNC et fait la liaison avec les pilotes. Parmi ses autres tâches, Louison fait des comptes-rendus à la compagnie sur les déroulements des vols, il évalue d’autres PNC, etc.
Louison devient aussi « Mentor » dans le cadre des contrats de professionnalisation où il a pour mission d’aider les alternants en fonction des évaluations collectées auprès des différents chefs de cabine. En 2021, il est également « Line Trainer » : tous les ans, les PNC de Volotea font l’objet d’un contrôle pour vérifier qu’ils maîtrisent parfaitement les différentes procédures, puis il est formé pour faire passer l’examen aux futurs chefs de cabine.
Transition vers le long-courrier
Louison aime l’ambiance, la relation avec les passagers, mais il souhaite voir ce qui se fait ailleurs. Il passe quelques sélections, dont easyJet qui le met sur liste d’attente du fait de la COVID. En 2022, Louison démissionne de chez Volotea, alors qu’easyJet le rappelle. Nouvelle formation de trois semaines, notamment sur l’A320, puis vol de familiarisation, « sans les questions ». Il ne fera qu’un contrat de sept mois sur des vols court et moyen-courriers.
« J’ai eu besoin de faire une pause, car mon rêve de toujours, c’était le long-courrier et les États-Unis. Pas pour voyager : les PNC ne sont pas payés pour voyager, ce n’est pas cela le métier, mais je souhaitais un autre rythme, rencontrer des personnes différentes. » Justement, il entend dire que Norse Atlantic Airways envisage d’ouvrir une base à Paris. Il s’inscrit sur la mailing list de la compagnie pour se tenir au courant du projet, en stand-by cette année-là.
Louison a l’occasion d’intégrer durant six mois Aeroschool pour du coaching en anglais et former les alternants, mais son objectif étant de revoler, il préférera ensuite travailler dans la vente en attendant de trouver LE poste. En novembre 2023, il reçoit un mail de Norse et candidate. Le processus de recrutement est différent, plus long. On lui demande d’envoyer une première vidéo d’une minute de présentation. Il est retenu et fournit deux autres vidéos davantage axées sur le métier et ce qu’il représente pour lui. Les étapes suivantes sont la réussite d’un test de personnalité et psychotechnique, toujours à distance.
Enfin, il reçoit une convocation pour les entretiens, à Paris. Les recruteurs présentent la compagnie, puis Louison participe à l’exercice de groupe, non éliminatoire, et effectue l’entretien individuel. Il obtient une réponse assez rapidement : on lui propose un CDI et il est embauché en décembre. La formation qui suit est un peu différente, non seulement parce que c’est une nouvelle compagnie, mais également un nouvel avion : le Boeing Dreamliner et un nouveau type de vol : le long-courrier, enfin. Deux jours plus tard, c’est le vol de familiarisation.
« Sur le long-courrier, la fatigue n’est pas la même. Pour le court et le moyen, je faisais en moyenne quatre vols par jour, cinq jours « on », trois jours « off ». Ici, les vols sont plus longs, de nuit, nous avons des temps de repos, ce que je ne connaissais pas, il faut faire avec le décalage horaire, nous devons rester un temps minimum sur place… Le mental est important. » Louison est basé à Paris CDG sur les lignes New York et Los Angeles, il a accompli son rêve. « Pour faire ce métier, il faut être patient et, surtout, se faire sa propre opinion, car certaines compagnies aériennes peuvent plaire à certains et à d’autres non. Cela a été mon cas. »
Ce portrait est extrait du magazine Aviation et Pilote, premier mensuel indépendant français d’information sur l’aviation générale, qui traite également de l’aviation commerciale et de l’aviation d’affaires à travers ses rubriques: 12 numéros par an + 1 hors-série dédié aux formations et métiers de l’aérien. Aviation et Pilote est aussi organisateur du Salon des formations et métiers aéronautiques.
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