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Bertrand Charlet, 30 ans, est mécanicien avion chez Dale Aviation.

Son père étant pilote privé, l’avion, Bertrand connaît bien, mais il s’intéresse aussi à la mécanique. Il se renseigne sur les écoles au SFMA, assiste aux journées portes ouvertes et, après un BEP en maintenance industrielle, il s’inscrit en bac pro aéro à l’IAAG pour devenir mécanicien. On est en septembre 2009. Bertrand choisit l’option système et signe un contrat d’apprentissage avec Aigle Azur. « Je pensais que l’aviation commerciale m’offrirait davantage de débouchés et j’avais aussi l’envie d’une expérience à l’étranger, certainement plus accessible en s’engageant dans ce secteur ou celui de l’aviation d’affaires. » Bertrand continue avec une mention complémentaire, option avion moteur à turbine. « C’est le même rythme que pour le bac pro : un mois à l’IAAG, puis un mois chez Aigle Azur, par contre on entre ici dans le vif de sujet, avec un aspect réglementaire plus important. On travaille également plus en autonomie, toujours sous le contrôle du maître d’apprentissage. » Bertrand intervient sur A320 en piste. Il est dehors par tous les temps et apprécie cette petite pression positive lorsqu’un avion en transit arrive avec une panne qu’il faut rapidement résoudre. « Nous sommes fiers de voir l’avion repartir. » Il y a aussi les opérations de maintenance prédéfinies. En juin 2012, ses quatorze modules réussis, il est détenteur de la partie théorique de la licence européenne Part-66 B1.1 et il ne lui reste plus qu’à valider la pratique par l’expérience en trois ans.

Aigle Azur n’embauche pas à ce moment là. Bertrand fait appel à l’intérim et accepte un premier contrat de 6 mois où il démantèle des avions. Le souci : il ne peut justifier de cette expérience sur son livret. Un ancien contact le prévient qu’une place de mécanicien est vacante en région parisienne chez SR Technics, un MRO (Maintenance and Repair Organization). Son CV est retenu. Durant trois ans, il va travailler essentiellement en hangar sur des Boeing 737, A330, A320 exploités par des compagnies aériennes. Il valide en parallèle sa licence Part-66. Il découvre ensuite un autre aspect du métier de mécanicien en acceptant un contrat de 18 mois chez Airbus, à Toulouse, pour intervenir sur le tout nouvel A320neo. « Nous récupérons l’avion en sortie de chaîne, avant sa livraison. C’est son premier démarrage moteur, sa première mise en circuit, puis les vols de test. Si une panne est constatée, c’est à nous d’intervenir. » C’est toujours de la maintenance, mais ses interlocuteurs sont différents.

Réaliser ses envies

Bertrand souhaite améliorer son anglais. Fin 2017, il obtient un permis vacances-travail de deux ans pour découvrir le Canada. Il bourlingue d’abord du côté de Vancouver, avant de se diriger vers Montréal car Bombardier cherche des mécaniciens à l’occasion du lancement du Global 7500 qui est alors en phase de certification auprès de Transports Canada. Son profil est retenu. Il suit une courte formation pour vérifier ses acquis, puis passe des tests qu’il réussit. Bertrand est engagé en tant que « helper », assistant mécanique, il ne peut signer ses cartes de travail. Là encore, c’est une autre vision du métier, plus axée sur la modification et le remplacement d’éléments. C’est aussi une autre clientèle, puisque l’on est ici dans l’aviation d’affaires : « Un autre monde. » Il reste un an chez Bombardier et rentre en France à l’expiration de son visa.

Ce voyage l’a fait réfléchir. Au fond de lui, il a toujours son rêve de gosse de devenir pilote et il se dit que c’est le moment de se lancer. Bertrand s’accorde six mois et obtient sa licence de pilote privé en mars 2020. Ensuite, nouveau contrat d’intérim d’un mois dans un MRO situé à Châteauroux. Son chemin croise celui d’un manager de Dale Aviation qui lui apprend qu’un poste est ouvert à Blagnac. Son expérience sur Airbus intéresse et le MRO étant d’origine anglaise, avec du personnel pour partie étranger, sa maîtrise de l’anglais est un vrai plus. Il est embauché en 2020. On est en pleine COVID, il fait de la préservation et du stockage. Aujourd’hui, les avions sont déstockés et Bertrand a repris ses tâches d’entretien et de réparation. En parallèle, il poursuit son rêve : il a travaillé à distance son ATPL théorique qu’il vient d’obtenir. La suite ? Déjà passer le CPL-IR et puis, « on verra ce qu’il se passera ».