Christophe, soudeur et chaudronnier
Christophe Bienfait, 40 ans, est soudeur et chaudronnier aéronautique à son compte dans l’aviation générale, au sein d’Aéro-Mermoz.
Depuis l’âge de 3 ans, Christophe Bienfait rêve d’avions. Il fera tôt de l’aéromodélisme, mais n’aura pas tout de suite l’idée de travailler dans l’aéronautique, un secteur qui lui paraît alors inaccessible. Ses parents le poussent vers un métier manuel « où il y aura toujours du boulot ». Il s’inscrit en BEP Chaudronnerie au lycée professionnel De Dietrich, en Alsace, avec un emploi assuré dans le ferroviaire à la fin de ses études. En 2000, il est donc embauché comme chaudronnier chez De Dietrich (aujourd’hui Alstom).
Durant deux ans, il va produire des sous-ensembles de TGV, mais le travail à la chaîne l’intéresse peu et Christophe va se diriger par la suite vers des structures plus petites, dans d’autres domaines comme la tuyauterie et dans différents secteurs : pétrochimie, alimentaire, etc. Le cœur de son métier consiste à fabriquer à partir d’une plaque de tôle et selon différents procédés une pièce formée qui correspond à un plan fourni par le client.
En 2008, une rencontre va bouleverser son activité. Christian Gass, de Strasbourg Air Service, pousse les portes de l’entreprise dans laquelle il travaille avec une pièce de T28 à réparer. Un nouveau marché s’ouvre à Christophe. Il monte sa propre société, Aéro-Mermoz, et se forme au procédé de soudage TIG pour le domaine aéronautique auprès du Centre de développement du soudage (CDS). En effet, si son BEP lui permet de former des pièces aéronautiques, il lui faut une qualification spéciale pour la soudure.
Strasbourg Air Service devient alors un client régulier, mais Christophe est également amené à travailler en sous-traitance pour le compte de la compagnie Hélicoptères de France (réparation de montants de verrière), de Robin Aircraft (fabrication de jambes de train ou de pièces) ou encore d’Airbus (fabrication d’extincteurs de turbine). En plus de la réparation, cela lui permet de fabriquer des pièces neuves sous le couvert des agréments des différentes entreprises qui l’emploient, ateliers de maintenance ou constructeurs.
L’aéronautique étant extrêmement contrôlée, Christophe a également son lot de paperasse à remplir puisque chacune de ses pièces est contrôlée par l’Institut de soudure qui émettra alors un certificat de conformité. Christophe doit ensuite fournir un dossier à son donneur d’ordre pour qu’il puisse lui-même éditer un certificat de mise/remise en service (une EASA « Form one »).
Un savoir-faire qui s’apprend
Christophe a régulièrement entre les mains des pièces de Cessna, de Piper, de DR400, voire des plus insolites. « Parfois, je ne sais pas sur quel aéronef la pièce réparée sera montée. Cette étape est du ressort du mécanicien. » Le métier de chaudronnier soudeur aéronautique exige un savoir-faire pour connaître les réactions de chaque métal en fonction des contraintes qu’on lui impose pour fabriquer la pièce. Il faut maîtriser sa déformation, mais aussi connaître ses propriétés puisqu’il subira par la suite de nouvelles contraintes une fois cette dernière installée sur l’appareil : chaleur, vibrations, etc. « Les docs techniques de certains avions sont introuvables ou ne précisent pas quels matériaux ont été utilisés à l’époque. Il faut de temps en temps se renseigner auprès des constructeurs, s’ils existent toujours, ou encore auprès des « anciens » que l’on trouve par exemple dans les associations de constructeur amateur. C’est dommage, il y a là un savoir qui se perd, non transmis à la plus jeune génération. »
Christophe manipule aussi bien l’acier inoxydable, l’inox, l’alu, le titane… Il observe cependant que l’arrivée des nouveaux matériaux composites en aviation, y compris générale, a changé le marché qui devient plus dur pour les toutes petites structures comme la sienne. « Il faut être vraiment passionné car mon métier n’est pas évident, surtout si l’on veut être indépendant. » Il y a du travail, en industrie notamment, à condition de s’intéresser aux nouveaux matériaux et procédés qui sont en constante évolution.
Ce portrait est extrait du magazine Aviation et Pilote, premier mensuel indépendant français d’information sur l’aviation générale, qui traite également de l’aviation commerciale et de l’aviation d’affaires à travers ses rubriques: 12 numéros par an + 1 hors-série dédié aux formations et métiers de l’aérien. Aviation et Pilote est aussi organisateur du Salon des formations et métiers aéronautiques.
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