Transmettre sa passion aux jeunes
Stéphane, 63 ans, forme au brevet d’initiation aéronautique (BIA) au sein de l’aéroclub de Brive.
Stéphane vit sa vie de pilote selon le motto : « À 20 ans, on absorbe. À 30 ans, on applique. À 40, on profite. À 50, on s’améliore. À 60, on restitue ! » Il est justement dans cette dernière phase où il transmet sa passion et son expérience aux plus jeunes. Sa propre rencontre avec l’aviation s’est faite en 1988, à Guyancourt, à bord du Wassmer de l’aéroclub. Davantage intéressé par l’hélicoptère, il prend quelques leçons alors qu’il sort de ses études et commence tout juste à travailler. Il se rend vite compte qu’il n’aura pas les moyens financiers pour voler régulièrement. Il bascule vers l’avion. Brevet de base en 1991, suivi du PPL (à l’époque TT), Stéphane est toujours en l’air, tellement qu’il envisage désormais une carrière professionnelle comme pilote, mais d’épandage. « Du vrai pilotage. »
Décidé, il s’arrange avec son employeur pour prendre une année sabbatique en 1993 et part au Canada où il est sûr d’avoir du boulot dans cette activité. Il obtient sa licence commerciale, puis fait ce que les Québécois appellent de la « jobine », des petits boulots : un peu de brousse, un peu d’épandage, des baptêmes de l’air, beaucoup de remplacements… La réalité est que l’épandage est un job d’été et qu’il lui faut en permanence rechercher des contrats, notamment l’hiver. Sa situation est trop instable, ce qui le pousse à rentrer en France en 1994 et à renouer avec son ancien boulot.
Pour son CPL canadien, il lui faudrait tout reconvertir et il n’est pas intéressé par la ligne… Stéphane reprend donc son activité de pilote privé. Étant donné qu’il voyage beaucoup dans le cadre de son poste, il s’inscrit dans différents aéroclubs de France. Il achète aussi un Broussard et écume les meetings pour faire des démonstrations, mais aussi quelques vols découverte. Déjà, à l’époque, il faisait un minicours à ses passagers : « Leur expliquer pourquoi un avion tenait en l’air, permettait de leur retirer du stress. Parfois, je voyais leur regard s’allumer avec cette envie d’apprendre à voler. C’était bingo pour moi. »
En 2004, il revend son Broussard qui consomme jusqu’à 100 l/h… pour racheter un Wilga en Hongrie, qu’il mettra un temps fou à ramener en France, puis à franciser [son passage en Fox date de cette année]. Toujours inscrit dans plusieurs clubs, celui de Brive cherche un formateur BIA. On est en 2021 lorsque son président lui demande : « Ça ne te dit pas ? » Stéphane dit oui pour le dépanner, mais il a accroché, autant que ses premiers élèves.
« Les gamins sont géniaux. La plupart ont déjà un intérêt pour l’aviation, mais d’autres sont là juste par curiosité et mon objectif est de leur allumer cette petite flamme dans leurs yeux. »
L’aéroclub de Brive a un partenariat avec le lycée Bossuet. Une promo peut être composée de 30 à 37 élèves en début d’année pour tomber à 17/25 lors du passage des épreuves. « Je préfère avoir des jeunes qui abandonnent plutôt qu’ils viennent au club à reculons. Je positive, car c’est bien d’être curieux. Plusieurs items sont au programme : aérodynamique, aérostatique, principes du vol ; étude des aéronefs et engins spatiaux ; météorologie et aérologie ; navigation, réglementation, sécurité des vols ; histoire et culture de l’aéronautique et de l’espace. En tant que formateur, nous devons connaître notre sujet, c’est la base, mais il faut aussi être à l’écoute des élèves et même observateur. Les cours peuvent être techniques, il faut donc qu’ils soient réceptifs lorsque vous commencez votre discours. Il faut également se mettre à leur portée pour qu’ils comprennent : utiliser des mots familiers, des anecdotes, faire des comparaisons, préparer le terrain, ne pas s’offenser des questions bêtes, laisser passer un peu d’humour… »
Le BIA en poche, plusieurs élèves se sont inscrits à l’aéroclub pour apprendre à voler. D’autres ont confirmé leur désir de travailler dans l’aéronautique. « C’est une fierté pour moi. » Pour Stéphane, le BIA, un diplôme d’État gratuit, rappelle-t-il, est un avantage pour qui se destine à intégrer le secteur. « Son CV peut passer au-dessus de la pile et il permettra, plus tard, au jeune de prouver sa motivation lors d’un futur entretien, ce qui peut être difficile à l’oral. »
Ce portrait est extrait du magazine Aviation et Pilote, premier mensuel indépendant français d’information sur l’aviation générale, qui traite également de l’aviation commerciale et de l’aviation d’affaires à travers ses rubriques: 12 numéros par an + 1 hors-série dédié aux formations et métiers de l’aérien. Aviation et Pilote est aussi organisateur du Salon des formations et métiers aéronautiques.
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