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Technicien dans le spatial

Thibaud, 25 ans, est Production Manager chez ThrustMe, un équipementier français qui produit des propulseurs pour les satellites.

Après un bac scientifique, Thibaud entre en DUT Mesures physiques qui ne se révèle pas aussi passionnant qu’il l’espérait. Étant donné que c’est le spatial qui l’intéresse, Thibaud se réoriente. Plus qu’un niveau d’études, il recherche avant tout une formation contenant dans son intitulé le mot « spatial » et découvre la licence professionnelle (LP) Métiers de l’industrie : Industrie aéronautique de l’IUT de Ville d’Avray, et notamment son parcours Moteurs aéronautiques et spatiaux. Pour y accéder, il intègre d’abord, en 2018, le BTS Aéronautique de l’institut Emmanuel d’Alzon, à Nîmes, puis, en 2020, il entre enfin dans le vif du sujet, malgré la COVID qui bouleverse un peu les emplois du temps.

Thibaud est apprenti chez OPUS Aerospace, une startup qui développe, conçoit et produit des microlanceurs. Il y assemble des moteurs pour les campagnes de tests, ainsi que des bancs de tests, il fait un peu de conception, de rédaction documentaire. Il est immergé dans le spatial. « Ses principes physiques sont très éloignés de l’aéronautique. Les moteurs qui équipent un lanceur ou un avion sont très différents. Ce sont deux univers distincts. » Thibaud est diplômé en 2021. Il prend connaissance de l’annonce de ThrustMe qui recherche un technicien de production et d’industrialisation. Il est embauché début 2022.

Industrialisation et production

« Au moment où je suis arrivé, ThrustMe finissait la phase de développement du NPT30, un propulseur à grilles qui a la particularité de fonctionner avec de l’iode, un gaz qui présente de nombreux avantages par rapport au xénon, historiquement utilisé comme « carburant » dans les moteurs ioniques. La technologie était innovante et il fallait maintenant lancer la production du produit. » Thibaud est le premier arrivant dans l’équipe, avec le directeur de production, déjà en place. Il a pour missions de créer une ligne de production, rédiger des procédures, fournir les outils à la ligne d’assemblage et faire des contrôles… Il est aussi amené à travailler avec les ingénieurs pour améliorer certains designs qui ne sont pas adaptés à la production et à la répétition des tâches. Par exemple, des vis difficilement accessibles. « La partie industrialisation est aussi importante que la partie conception qui n’est pas une fin en soi. Il faut ensuite passer à la série. »

En juin 2023, Thibaud passe Production Leader, car l’équipe s’est depuis étoffée. La ligne de production a été ouverte en début d’année, avec toujours quelques détails à régler. « Dans les process, il y a beaucoup de contrôles qualité, de tests. Il faut s’assurer que le moteur fonctionnera lorsqu’il sera envoyé dans l’espace. Nous n’avons pas le droit à l’erreur. » Pour cela, ils s’appuient sur les retex – retours d’expérience – au niveau de l’assemblage ou encore du client et des ingénieurs chargés de recueillir les données du moteur. Leur objectif est de fabriquer 365 moteurs par an à la fin 2025. Ces derniers – d’une dimension de 10 x 10 x 10 cm – sont utilisés pour propulser des satellites ou encore les désorbiter.

Thibaud fait donc du pilotage opérationnel, s’occupe du planning, du respect des délais de production, tout en continuant à effectuer de l’assemblage aux côtés des techniciens. « Notre travail se rapproche plus ici à celui des horlogers de luxe que des mécaniciens. Nous sommes dans une salle « propre » pour éviter toute contamination, dotés de gants… » En juin dernier, Thibaud est devenu Production Manager : il gère toujours la ligne, avec davantage de management et il participe en plus aux recrutements. « Pour devenir technicien dans le spatial, nous regardons surtout l’expérience, ainsi que la personnalité du candidat. En assemblage, nous recherchons surtout des gens minutieux. Parmi nos collaborateurs, nous avons, par exemple, des personnes qui posaient auparavant des microcomposants sur des cartes électroniques ou encore qui fabriquaient de la fibre optique pour des pacemakers. Il est tout à fait possible de se reconvertir dans le spatial. »

Pour intégrer ce secteur, Thibaud conseille également de parler anglais et d’être mobile : « L’industrie spatiale n’est pas composée que de grands groupes. On peut aussi participer à de beaux programmes en rejoignant des startups ou des sous-traitants, en France, mais aussi en Europe où les projets sont nombreux. »

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Ce portrait est extrait du magazine Aviation et Pilote, premier mensuel indépendant français d’information sur l’aviation générale, qui traite également de l’aviation commerciale et de l’aviation d’affaires à travers ses rubriques: 12 numéros par an + 1 hors-série dédié aux formations et métiers de l’aérien. Aviation et Pilote est aussi organisateur du Salon des formations et métiers aéronautiques.

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